jeudi 1 juin 2017

Frede vu par Elle

Le magazine Elle a consacré l'ouverture de ses pages Livres du 26 mai 2017 à la biographie de Frede parue aux éditions Les Equateurs. 

Partant du personnage mentionné par Patrick Modiano dans plusieurs livres, la critique Olivia de Lamberterie évoque dans cet article la vie haute en couleurs de la véritable Frede. 



"TENDRE EST SA NUIT

QUI ÉTAIT CETTE FREDE QUI SÉDUISIT LES PLUS BELLES FEMMES DU MONDE ? 
UNE CAPTIVANTE BIOGRAPHIE MET EN LUMIÈRE CE TROUBLANT OISEAU DE NUIT.

PAR OLIVIA DE LAMBERTERIE

C’est sur la couverture de « Remise de peine », de Patrick Modiano, où elle est croquée par Pierre Le-Tan, que Denis Cosnard rencontre son ex-star des fifties. Frede fait partie des «drôles de gens » que croise Modiano enfant, dans la maison de Jouy-en-Josas où sa mère l’a laissé. Ce Carroll’s, dont parlent les adultes, n’est pas un cirque, comme l’imagine le petit garçon, mais la boîte de nuit tenue par Frede et fréquentée par Marlene Dietrich, Orson Welles ou Françoise Sagan. « Je me souviens d’avoir vu de mes yeux Rita Hayworth arrivant au bras de François Mitterrand, alors jeune ministre ! » se souvient un ancien maître d’hôtel. Avec l’aide du neveu et d’une voisine de son héroïne, le journaliste part sur les traces de Frede, à pas de loup, décrivant dans son sillage le monde des gens de la nuit et des stars sans fard. Le scandale ne guide pas la plume du journaliste, mais l’intime ; ses révélations sont feutrées comme l’ambiance ouatée de minuit, quand on tombe le masque pour s’autoriser à être enfin soi-même.

C’est toujours la même histoire, rien ne prédisposait Suzanne, née en 1915, fille d’une plumassière et d’un agent d’assurances, à devenir Freddie belle gueule. Sans doute, l’affection reçue enfant lui a donné la force d’être une femme affranchie qui aime les femmes, qui ensorcellera jusqu’à Marlene Dietrich, lui valant ainsi l’appellation de « la plus grande lesbienne au monde ». Les moeurs sont libres, mais pas les lois. En 1933, lorsque la star allemande arrive à Paris, vêtue de parfaits costumes masculins, le préfet de police la menace d’arrestation si elle persiste à s’habiller en homme. 

Rusant avec les interdictions, dandy androgyne, femme des coulisses qui dévisage ses invités du haut de l’escalier du Carroll’s, Frede ne se laisse pas faire. Denis Cosnard égrène ses amours (Maria Félix, Lana, la dernière épouse de Sacha Guitry, Zina, Miki), ses chagrins et ses succès entre Paris, Biarritz et la Côte d’Azur, où ses bars (dans lesquels les dames peuvent danser entre elles) affolent la jet-set. Mais, éclaboussée par la lumière du jour, cette belle de nuit conserve son mystère, et c’est en cela qu’elle est irrésistible.

« FREDE », de Denis Cosnard (Équateurs, 230 p.)."

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